
Avec des prix pouvant varier du simple au double, on trouve des fraises françaises pour tous les portefeuilles. Celles-ci sont parfois considérées à tort comme un produit de luxe, surtout en comparaison avec les fraises importées de l’étranger qui sont généralement moins chères. Pourtant, les prix du fruit préféré des Français ne sont pas déterminés au hasard : entre les contraintes liées à la réglementation, les coûts de production, l’influence des GMS (marges, négociations des prix, promotions…), et tout simplement la loi de l’offre et la demande, nombreux sont les critères à prendre en compte afin de fixer le juste prix de vente.
Des coûts de production incompressibles
Les coûts de production constituent la première contrainte à prendre en compte dans la détermination du prix des fraises françaises. La culture de fraises représente pour les producteurs un investissement de départ conséquent dans des infrastructures et équipements coûteux. Par ailleurs, la culture de fraises implique une dépense énergétique. Les fluctuations des coûts de l’énergie actuels se répercutent donc sur leur prix. A noter toutefois que les fraises cultivées sous abris consomment moins d’énergie que d’autres productions (comme les tomates) puisque le fraisier n’a pas besoin de hautes températures pour se développer. Les abris (serres, tunnels…) sont essentiels pour protéger ces fruits fragiles des aléas climatiques. Pour certains itinéraires de cultures (nombreux en filière fraises), la principale dépense énergétique est plutôt liée au chauffage qui permet notamment de maintenir le plant de fraisier à une température minimale, celui-ci se mettant au repos en dessous de 7 degrés.
Les coûts de la main d’œuvre, des intrants (engrais, sac de culture…), des plants de fraisiers et de la lutte biologique sont également des charges importantes à prendre en compte. De nombreux producteurs de fraises de l’AOPn Fraises de France sont engagés dans des démarches qualité (récolte à la main très soigneuse qui prend du temps…), environnementales (lutte biologique, etc.) ou sociales (mise en place de logements pour la main d’œuvre…), ce qui nécessite également des investissements plus importants. Les alternatives biologiques aux produits phytosanitaires, fréquemment utilisées dans la culture des fraises françaises, sont très coûteuses pour les producteurs.
Toutes ces charges se répercutent forcément sur le prix de la fraise française qui doit également permettre la juste rémunération des producteurs.
Des contraintes réglementaires
La réglementation imposée en France justifie également le prix des fraises françaises. La main-d’œuvre coûte plus cher en France car le SMIC y est plus élevé que dans d’autres pays producteurs de fraises. De plus, la récolte à la main des fraises française nécessite une main-d’œuvre qualifiée, les fruits étant plus fragiles et techniques à produire. Le marché français est orienté vers des variétés gustatives comme la gariguette et la ciflorette et une production destinée à son marché intérieur.
Au niveau environnemental, la loi anti-gaspillage pour une économie circulaire prévoit l’interdiction des emballages plastiques pour tous les fruits et légumes à l’horizon 2026, ce qui répond également à une exigence de la part des consommateurs. L’AOPn Fraises de France est donc en phase active de recherche afin d’identifier une solution d’emballage alternative et aux coûts limités. Par exemple le carton serait a priori plus écologique mais également plus cher que le plastique et plus encombrant au niveau logistique. Par ailleurs, l’emballage carton ne permet pas aux consommateurs de voir correctement le produit qu’ils achètent, ce qui fait significativement diminuer les ventes.
Le rôle des GMS dans la fixation des prix
Ce sont les GMS (Grandes et moyennes surfaces) qui déterminent le prix final pour le consommateur, après concertation avec les coopératives et en fonction de l’offre et de la demande notamment. A ce stade de la saison, on se dirige plutôt vers une baisse des prix puisque l’offre en fraises françaises arrive à son paroxysme. De plus, la grande distribution affiche de plus en plus de « promotions » sur la fraise française en rognant souvent ses marges. Cependant, la guerre des prix entre les enseignes a malheureusement tendance à dévaloriser les produits. De plus, la concurrence des fraises importées, souvent moins chères, détourne les consommateurs des fraises françaises.
Tous ces facteurs expliquent l’amplitude des prix des fraises françaises. Finalement, les consommateurs français peuvent choisir entre plusieurs gammes de prix selon leur budget pour s’offrir ce produit plaisir made in France.