
Alors qu’Emmanuel Macron doit bientôt annoncer la nomination de son nouveau Premier Ministre chargé, entre autres, de la “planification écologique”, et que le secteur a rarement été aussi déstabilisé que durant ces derniers mois, une mise au point sur les priorités du chantier de l’agroalimentaire s’impose.
L’agriculture compte actuellement pour un cinquième des émissions de gaz à effet dans le monde : sans un réel changement de modèle agricole, il est impossible de tenir les engagements de réduction de ces émissions et du ralentissement du réchauffement climatique promis par le chef d’État pour ce nouveau quinquennat.
Le programme pour l’agriculture du Président promet : une meilleure création puis répartition de la valeur entre ceux qui produisent, transforment et distribuent ; d’assurer l’égalité entre les produits soumis aux exigences européennes et les produits importés en mettant en place une taxe carbone aux frontières et des mesures miroirs.
Face à ces promesses, Paul Charlent, CEO d’Alancienne et ingénieur agronome cofondateur de la Ferme de l’Envol, demande d’aller plus loin et donne les trois leviers qui lui apparaissent essentiels de mettre en place au plus vite:
- Compter les externalités extra-financières et les intégrer au bilan comptable des entreprises pour une prise en compte du coût réel (humain, environnemental, sanitaire) des modèles, grâce à la comptabilité multi capitaux ;
- Rémunérer les fermiers pour les services qu’ils nous rendent. Un fermier qui fait le choix de replanter des arbres sur son exploitation va permettre d’améliorer la biodiversité, de filtrer l’eau, de réduire les chaleurs extrêmes, de stocker du carbone. Il va permettre de ralentir le changement climatique et ainsi, nous rendre service à tous. Avec une valorisation financière pour cet investissement, on s’assure une systématisation des initiatives de ce type et leur élargissement ;
- Valoriser les fermes en agroécologie pour leurs externalités positives : augmentation de la biodiversité, stockage du carbone, nettoyage de l’eau, diminution réelle des risques d’inondations, indépendance face aux énergies fossiles, amélioration de la qualité des sols…. ; au lieu de financer les exploitations pour leur taille.